Rapport Égalité Femmes/Hommes – Intervention de Caroline Roger-Moigneu – Session 30/01/2025


Caroline Roger-Moigneu, de notre groupe EFC, vice-présidente déléguée à l’insertion, à la lutte contre la pauvreté et aux gens du voyage est intervenue suite à la présentation de la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes en Ille-et-Vilaine (Rapport annuel 2024) faite par Laurence Roux du groupe de gauche, socialiste et citoyen.

Une intervention à écouter (podcast) ou à lire ci-dessous :

Intervention – Rapport égalité femmes / hommes

Groupe écologiste, fédéraliste et citoyen

Je tiens tous d’abord à remercier les services pour l’élaboration de ce rapport annuel et pour les actions menées au quotidien. De même, je remercie Anne Mainguet-Grall pour son implication et Laurence Roux pour la présentation aujourd’hui.

Si nous pouvons saluer le travail engagé par la collectivité en tant qu’employeur mais également en tant que pouvoir public, malgré le contexte financier que nous connaissons, nous devons néanmoins faire preuve d’une grande vigilance.

Une vigilance accrue car face à des poussées d’émancipation, en l’occurrence les droits des femmes, on observe systématiquement une réaction politique, juridique ou sociale qui provoque l’effet inverse : le Backlash. Ce mot vient nous rappeler la fragilité des acquis pour les minorités dont les femmes. Les progrès concernant l’émancipation des femmes ne sont pas linéaires et doivent systématiquement faire face à une offensive réactionnaire.

Un exemple récent, paru hier dans la presse, la question du congé menstruel ou encore congé « égalité femme – homme » s’inscrivant tout de même dans la qualité de vie au travail, se voit retoquer comme c’est le cas en Isère par la Préfète ou encore par le juge administratif en Haute-Garonne. Plutôt que de laisser planer un flou juridique, il est indéniable que la question doit être reposée à l’assemblée nationale car cela reste encore un sujet qui fait l’objet d’interprétations pour le moins rétrogrades.

Sur un autre registre, l’affaire Pélicot a eu un retentissement international par son ampleur, par les violences systémiques qu’elle dénonce, par la mise en exergue de la notion de consentement et enfin par l’image ordinaire des coupables. Pour autant, les faits glaçants et irréfutables subit par Gisèle Pélicot ont donné lieu à des propos choquants, humiliants ayant pour but de décrédibiliser la parole de la victime « vous n’auriez pas des penchants exhibitionnistes que vous n’assumeriez pas ?… la culture du viol ancrée dans le moindre interstice de notre société. Même face à l’horreur, on entend raisonner « pas tous les hommes » pour venir atténuer la réalité de ce que vivent les femmes et qu’il n’existe aucun archétype de l’agresseur.

La honte a-t-elle changé de camp ? Selon le rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) sur l’Etat des lieux du sexisme en France publié ce mois-ci, 94% des personnes sondées, hommes comme femmes, estiment que les hommes ont un rôle à jouer dans la prévention et la lutte contre le sexisme dans la société. Par ailleurs, 65% estiment que l’affaire Pélicot illustre qu’en matière de violences sexistes et sexuelles tous les hommes portent une part de responsabilité et/ou de culpabilité.

Ces chiffres laissent entrevoir les balbutiements d’une prise de conscience collective mais nous sommes encore bien loin d’une déconstruction de la masculinité pourtant enjeu majeur de la lutte pour les droits des femmes.

 Chemin ô combien long tant la libération de la parole sexiste est à son paroxysme dans les médias et notamment sur les chaines donnant la part belle aux discours d’extrême droite, sur les réseaux sociaux, dans les discours politiques avec une volonté parfois affichée de retour au patriarcat. Dans le monde entier, l’année 2024 est marquée par un recul des droits des femmes et par la prégnance des inégalités. La France ne fait d’ailleurs pas exception si l’on en croit le rapport du HCE.

D’ailleurs ce rapport souligne quelque chose d’intéressant : 77% des sondés estiment que la prévention et la lutte contre le sexisme sont des sujets importants et pour 84% que ce sujet doit être traité par le gouvernement prioritairement. Enfin 79% de personnes considèrent que les lois et sanctions sont mal appliquées et/ou insuffisantes. Dans l’ensemble, l’action des pouvoirs publics est jugée comme n’étant pas à la hauteur de l’enjeu.

C’est pourquoi nous saluons le travail de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes de l’Assemblée Nationale qui dans son rapport entend introduire une vraie culture du consentement au sein de la législation afin de mieux prévenir, mieux reconnaitre la vulnérabilité des victimes, mieux réprimer. Nous espérons sincèrement que la proposition de loi qui en émane sera adoptée.

Face à ces attentes et pour les victimes dont la parole est encore nouée, qui n’osent pas porter plainte nous devons poursuivre et renforcer nos engagements. D’ailleurs, cela donne un véritable sens au vœu que nous portons collectivement sur les violences intrafamiliales. Nous devons donc être en capacité de pousser un peu plus encore la transversalité de la politique égalité femmes / hommes et ainsi intégrer l’intersectionnalité comme enjeu majeur de lutte contre les discriminations. 

Rappelons-nous ce chiffre : 94% des femmes de 15 à 24 ans considèrent qu’il est difficile d’être une femme dans la société actuelle. Alors qu’elles ont encore la vie devant elles, elles se sentent déjà accablée par le poids d’une société patriarcale. Il est urgent pour nous d’agir. Et c’est avant tout à notre jeunesse que nous devons nous intéresser. Les incubateurs du sexisme chez les enfants sont la famille, l’école et le numérique. Nous avons des leviers, à nous de prendre nos responsabilités.