Intervention de Politique Générale – Session du 26/09/2024


Voici ci-dessous l’Intervention de Politique Générale de notre groupe Écologiste, Fédéraliste et Citoyen, par la voix de Denez Marchand, représentant de l’Union Démocratique Bretonne au sein du groupe (un extrait est aussi à écouter – podcast ! ):

Cette session de notre Conseil départemental intervient après une séquence politique au niveau national sans précédent sous la cinquième république. Après des élections européennes qui constituait déjà une défaite pour son camp, le président de la République a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale pour, affirmait-il , obtenir une clarification.

De ce point de vue les résultats sont on ne peut plus clairs. Au premier tour, c’est un rejet massif de sa politique qui s’est exprimé, son camp ne rassemblant que 20% des voix. Au second, c’est la volonté d’empêcher une victoire du Rassemblement national qui l’a heureusement emporté avec la constitution d’un Front républicain et une gauche unie au sein du Nouveau front populaire arrivée en tête.

Ces résultats factuels, Emmanuel Macron ne les pas admis. Après de longues semaines, il a nommé en effet un homme, Michel Barnier, issu d’une famille politique qui était contre le Front républicain, et forte de 5% des suffrages exprimés. Enfin il nomme un gouvernement dans lequel ses partisans sont majoritaires et élargi à la droite la plus conservatrice et réactionnaire qui ne devra sa survie qu’au bon vouloir du RN.

Cette négation de la volonté populaire exprimée dans les urnes, avec un taux de participation jamais vu depuis longtemps, laissera des traces chez nos concitoyennes et nos concitoyens et abîme un peu plus notre démocratie.

Venu de la droite extrême, il en partage toujours bien des convictions, parlant de « français de papier », remettant ainsi en cause le droit du sol, l’un des fondements de notre République, ou encore de « régressions ethniques » concernant les personnes révoltées par la mort du jeune Nahel l’année dernière. Ses premières annonces, comme sa volonté d’instaurer la présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre ou de supprimer l’AME, totem démagogique de l’extrême droite qui fait fi de toute logique de santé publique, ne sont pas faites pour nous rassurer.

Concernant plus directement les politiques en lien avec nos compétences, il y a également de quoi être inquiet. L’absence d’un ministère ou d’un secrétariat d’Etat au Handicap ne laisse rien augurer de bon dans ce domaine. De même, la question du financement de la dépendance et de son accompagnement social reste toujours dans l’attente d’une véritable politique à la hauteur de l’enjeu. Nous connaissons, en tant qu’élus locaux, la situation des structures sur notre territoire. Le modèle actuel des EPHAD n’est pas viable et nous devons continuer de réclamer à chaque fois que c’est possible une réelle transformation de fond du modèle actuel, alors qu’en 2018 un loi grand âge avait été annoncée.

En matière de protection de l’enfance, face aux alertes réitérées années après années par l’ensemble des acteurs d’un secteur très largement en souffrance, quelle sera la posture adoptée par Mme Agnès Canayer, ministre déléguée à la famille et à la petite enfance ? Car en la matière, les enjeux sont aussi nombreux que complexes, et ne seront pas résolus par une renationalisation de l’Aide Sociale à l’Enfance, comme certains le laissent entendre.

Autre sujet de préoccupation majeur, celui de la parentalité, je devrai même dire « des parentalités » tellement celles-ci sont devenues diverses aujourd’hui dans leurs expressions. Si notre collectivité conduit une politique de soutien ambitieuse et volontariste dans ce domaine, comme vous pourrez le constater dans le rapport qui vous sera présenté aujourd’hui, quant sera-t-il au niveau national ?

Notre nouvelle ministre va-t-elle se pencher sur les révélations de Victor Castanet dans son dernier livre concernant les crèches privées et leur gestion qui place la rentabilité économique avant l’intérêt et les besoins de l’enfant ?

Autre défi à relever, et non des moindres, celui des violences sexuelles et sexistes faites aux femmes. Des progrès restent encore à accomplir, notamment en ce qui concerne les dispositifs d’accueil d’urgence qui ne permettent pas de couvrir l’ensemble des besoins, des services d’accueil des victimes qui sont débordés ou des plaintes en commissariat ou en gendarmerie encore parfois mal recueillies. Nous tenons à saluer le travail dans de domaine de notre collègue Anne Mainguet-Grall et de nos services, pour la contribution de notre collectivité au second schéma directeur départemental de lutte contre les violences faites aux femmes qui est à l’ordre du jour de cette session.

Concernant l’éducation nationale, c’est une ministre sans expérience qui est nommée. Mais à l’heure où nous demandons dans notre département le conventionnement d’un futur collège Diwan dès son ouverture, nous tenons à rappeler que Anne Genetet a fait partie de la soixantaine de députés macronistes qui ont saisi le Conseil constitutionnel pour censurer la Loi Molac, et notamment l’enseignement immersif tel que pratiqué dans le réseau Diwan.  Quand au ministre délégué à la réussite scolaire et à l’enseignement professionnel, Alexandre Portier, il s’agit d’un parfait lobbyiste de l’enseignement privé catholique.

Enfin, l’adaptation nécessaire au dérèglement climatique et à l’érosion de la biodiversité, au regard des signaux budgétaires envoyés dans le cadre du futur projet de loi de finance, n’augure pas que ce gouvernement en fasse une priorité, malgré le retard accumulé. Nous faisons le choix inverse, en étant précurseur en Bretagne avec le projet de Réserve Biologique Intégrale, porté par notre collègue Yann Soulabaille en partenariat avec l’office national des forêts. Cette démarche innovante permettra de répondre localement à la stratégie nationale pour les aires protégées.

Pour conclure, chers collègues, la composition de ce nouveau gouvernement, laisse peu entrevoir à nos yeux une capacité à prendre en compte les besoins et enjeux liés aux politiques de solidarité, de transitions et d’égalité des chances qui sont les piliers du projet de mandature de notre majorité.

Un projet qui fait face à une contrainte budgétaire sans précédent due à un mode de financement des départements aberrant, à l’opposé de l’autonomie fiscale que nous réclamons.