Intervention de Politique Générale – session décembre 2025


SESSION DÉPARTEMTALE du 18 décembre 2025

IPG du groupe Écologiste, Fédéraliste et Citoyen

Notre groupe dénonce régulièrement pendant ce temps de discours introductif les attaques faites à l’environnement : attaque aux agences D’État, aux associations, aux scientifiques, à la réglementation… ces attaques se poursuivent, toujours plus inquiétantes, toujours plus impactantes : affaiblissement de la CSRD et, du devoir de vigilance pour les entreprises, une COP30 marquée par l’influence des lobbys et notamment pétroliers …

Et pourtant nous avons plus que jamais besoin d’agir. Pour cela nous avons besoin de connaissances sur l’évolution du climat. Le dérèglement est déjà là, ses impacts sont déjà là. Nous avons toutes et tous à l’esprit les inondations du mois de janvier dans notre département. Et les alertes sécheresse de l’été. Les incendies de 2022 et de cette année à Paimpont. Notre territoire est et sera impacté par les canicules, l’érosion du trait de côte, les inondations, les feux de forêt … Ces conséquences ont un impact sur nos activités économiques, sur nos infrastructures, sur nos finances publiques.

Nous l’avons dit et nous le répétons: il est primordial d’atténuer ce dérèglement, … Nous pouvons nous réjouir au niveau de la collectivité départementale d’avoir un bilan carbone en baisse, suivant la courbe de nos objectifs. Mais nous nous devons tout de même d’être vigilants sur ce que cela peut cacher, notamment l’arrêt des contournements routiers qui a eu un fort impact sur cette baisse. La baisse de nos financements nous contraint également à reporter ou arrêter certains projets. Pour suivre notre trajectoire il nous faudra donc mettre en place de véritables stratégies de renoncement, d’évitement. Le projet qui pollue le moins est celui que l’on ne fait pas.

Nous l’avons compris, il est nécessaire d’atténuer nos impacts pour éviter l’ingérable, mais il va nous falloir aussi gérer l’inévitable, par des démarches d’adaptation. Nous ne pouvons que le constater, nous ne sommes pas prêts. Il est urgent de travailler collectivement à la résilience de notre territoire et en particulier pour les plus vulnérables, les plus fragiles, qui seront les plus impactés.

Notre collègue Nicolas Perrin, que nous remercions de porter ce sujet avec passion et engagement, nous présente aujourd’hui une feuille de route vulnérabilités. Pour nous préparer, en protégeant en priorité les publics les plus vulnérables : les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, les personnes accompagnées en centres départementaux d’action sociale ainsi que les enfants dans le cadre de la protection maternelle et infantile et de l’aide sociale à l’enfance. Nous découvrons dans ce rapport qu’

  • en 2050, “la teneur en zinc, fer et protéines des céréales devrait diminuer de 3 à 17 % du fait de l’augmentation de la concentration de l’air en CO2” ce qui aura un impact direct sur la santé des personnes bénéficiaires de l’aide alimentaire
  • les nécessaires limitations d’accès à l’eau en ville du fait de la baisse de la ressource touchera en priorité les personnes à la rue, sans accès direct à l’eau potable
  • dans le cas d’inondations, les personnes les plus précaires ne peuvent pas faire les travaux nécessaires et continuent donc à vivre dans un logement insalubre, avec un air vicié.
  • les personnes avec des problèmes de santé mentale sont particulièrement vulnérables face aux différents impacts.

Les liens entre précarité et le climat sont désormais évidents : les plus vulnérables sont plus exposés aux conséquences du dérèglement climatique alors même qu’ils y ont le moins contribué. L’urgence sociale et environnementale nous oblige donc à passer de la prise de conscience à l’action collective et ainsi amorcer un virage dans notre façon d’appréhender nos politiques publiques.

Nous ne pouvons aborder ces sujets sans penser aux migrant.e.s qui vivent dans des campements dans les parcs rennais, dans des conditions inhumaines, depuis des mois, sans solutions, sans vision pour leur avenir. Nous agissons à notre niveau au titre de nos délégations protection de l’enfance, lutte contre la précarité ou encore en participant aux instances liées au logement et au logement d’urgence néanmoins, notre collectivité et plus généralement les collectivités territoriales ne peuvent pallier les insuffisances de l’Etat. Ainsi, notre groupe propose aujourd’hui un vœu pour que l’Etat assume sa compétence en matière d’hébergement d’urgence, à laquelle il répond bien souvent quand la pression politique et militante devient trop forte ainsi que pour une politique migratoire plus digne. A quelques semaines de l’évacuation de l’ESC de Maurepas, nous pouvons nous satisfaire qu’aujourd’hui des familles ont été mises à l’abri. Mais nous savons qu’en France, en 2025, trop d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants dorment encore à la rue. Il est temps de mettre en place des solutions structurelles, durables et profondément humanistes.

Le rapport 2025 du Secours Catholique alerte : la pauvreté s’aggrave, touchant les personnes sans emploi mais aussi des travailleurs précaires. Les vulnérabilités augmentent. Pourtant, le gouvernement poursuit ses coupes budgétaires, fragilisant les collectivités et les structures d’insertion par l’activité économique (IAE), pourtant essentielles pour lutter contre l’exclusion. Comment prétendre atteindre le plein emploi tout en asphyxiant ces acteurs clés ? C’est tout le sens du vœu que nous portons et qui sera présenté par Caroline Roger-Moigneu. Il est urgent d’en finir avec cette casse sociale. Dans cet esprit de solidarité, le rapport sur le RSA qu’elle présentera traduit notre engagement pour aider les plus vulnérables à sortir de la précarité. La sanction est appréhendée comme un levier de remobilisation et non comme un outil de stigmatisation, de chasse aux pauvres, à l’inverse de l’approche qu’en a le département du Finistère.

Notre groupe a eu la chance il y a quelques semaines de découvrir une fresque des vulnérabilités conçue par Alice Antoine, agente du département. Nous la remercions pour ce travail incroyable et invitons vivement l’ensemble des élus à s’y prêter à leur tour, afin de mesurer concrètement les impacts déjà bien réels du dérèglement climatique sur nos publics.

Mais ne nous leurrons pas, la transformation écologique et l’adaptation de nos territoires nécessite un budget dédié et conséquent. L’Etat doit donner des marges de manœuvre aux collectivités locales pour pouvoir poursuivre leurs missions tout en se préparant aux aléas climatiques. Nous débattrons aujourd’hui sur nos orientations budgétaires, orientations une fois encore élaborées sous la contrainte. Ici les renoncements ne sont pas des choix mais bien des nécessités pour tenir notre budget à l’équilibre. Nous aimerions faire mieux, soutenir les associations du territoire à la hauteur du début de mandat, relever le budget de l’éducation, faire plus pour la prévention dans le cadre de nos politiques prévention de l’enfance et d’insertion.

M. Lecornu a fait des annonces au congrès de l’ADF qui devraient nous permettre de retrouver un peu de souffle. Toutefois, nous sommes encore dans l’attente d’une concrétisation de ces engagements.

Nous rappelons également le scandale de l’effondrement du budget annexe, budget dédié intégralement à la biodiversité, et lié principalement à la collecte de la taxe d’aménagement. Taxe d’aménagement qui s’est totalement effondrée du fait d’un problème technique absolument inqualifiable. Les conséquences seront lourdes. Nous avons parlé tout à l’heure de l’adaptation nécessaire de notre département, les solutions fondées sur la nature sont les outils les plus adaptés pour lutter contre les îlots de chaleur, pour permettre l’infiltration de l’eau et éviter les ruissellements et inondations … Nous demandons à l’Etat de corriger ses erreurs et de restaurer cette ressource à son niveau de collecte normal. Nous demandons que nous soient versées les sommes qui nous sont dues. Nous tenons ici à apporter tout notre soutien et nos remerciements aux équipes du département qui œuvrent au quotidien en faveur de la biodiversité et de l’éducation à l’environnement et qui craignent aujourd’hui pour la pérennité de leurs missions. Vous pouvez compter sur nous, nous ne lâcherons pas.

Nous sommes fier.e.s d’œuvrer dans une collectivité qui va de l’avant malgré les difficultés, qui aborde ses responsabilités en conscience, et avec toujours un œil tourné vers l’avenir. Parce que oui, nous sommes une majorité de gauche, quoique certaines en disent sur leurs réseaux, préférant déformer la réalité. Que nous sommes mus par les valeurs de notre projet de mandature : la solidarité, l’égalité des droits et des chances et les transitions. La session d’aujourd’hui y est d’ailleurs ancrée plus que jamais. Le seul acharnement qui est le nôtre, c’est celui que nous mettons quotidiennement dans notre fonction d’élu.e pour faire avancer ces idées, avec humilité, loin des projecteurs. Ce sont nos boussoles, nos engagements, nos piliers.

Merci.

Olwen Dénès et Marion Le Frène,

Co-président·e·s du groupe Ecologiste Fédéraliste et Citoyen

Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine.

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