Intervention de Politique Générale- Olwen Dénès – Département Ille-et-Vilaine – Vidéo – 11 2025


Chers collègues, pour une fois, je vais commencer par vous parler de mode et de vêtements. Je ne vais pas vous faire le classement des collègues les mieux vêtus au sein de cette assemblée mais bien vous parler de l’arrivée de la marque Shein dans le BHV situé rue de Rivoli à Paris.

Alors en soi, l’ouverture de boutiques à Paris ne nous intéresse pas ici en Ille-et-Vilaine, mais cette arrivée de la marque qui symbolise de l’ultra-fast fashion dans un point de vente physique en France en dit beaucoup sur ce qui ne tourne pas rond dans notre modèle de société.

Cette marque, ses équivalents et l’ensemble des influenceurs payés pour en faire la promotion nous parlent d’un droit à l’habillement pour les classes populaires. Pour eux, les pauvres ont le droit de s’habiller, oui, mais avec des produits pourris. On marche sur la tête.

La plupart de ces vêtements vont se retrouver en peu de temps dans des décharges en Afrique ou en Asie avec un bilan carbone désastreux. De plus, les structures souvent issues de l’ESS qui gèrent la collecte des vêtements, comme Le Relais sur notre territoire, n’arrivent pas à suivre les volumes et traitent des produits de qualité médiocre.

On prend le problème à l’envers. Alors que la pauvreté progresse dans notre pays, touchant près de 9,8 millions de personnes, on facilite la consommation de produits bas de gamme dans un marché dérégulé et sans normes plutôt que tout faire pour éradiquer la pauvreté et permettre à toutes et tous d’accéder à des produits de qualité.

Nous n’avons jamais produit autant de richesses dans ce pays, et pourtant, la situation de nombreuses personnes et de nos services publics est dramatique. Il est impératif de repenser la répartition des richesses : cela passe par une augmentation des salaires, mais aussi par une réforme fiscale ambitieuse.

Nous devons cesser d’alourdir la charge fiscale sur ce qu’il reste de la classe moyenne de ce pays. Il faut s’attaquer à l’évasion fiscale, aux dividendes, aux grands groupes et aux grands héritages. En France, l’ascenseur social s’existe plus, la fortune héritée représente aujourd’hui 60 % du patrimoine national. Au début des années 1970, cette part n’était que de 35 %.

On nous dit sur les plateaux des chaines d’information que c’est impossible de faire autrement, pas faisable techniquement, pas réaliste économiquement. Il ne fait pas bon d’être un économiste sérieux comme Gabriel Zuchmann quand on voit comment ses travaux sont attaqués chaque jour. On se compare souvent à notre voisin Allemand mais nous ferions bien de regarder ce qui se passe au sud des Pyrénées ou un gouvernement est en train de réussir le pari d’une relance économique en augmentant les salaires et en faisant plus de justice fiscale.

En France, le budget proposé par le gouvernement pour l’année 2026 va continuer de nous amener dans le mur. Toujours plus d’économies et d’austérité pour la majorité des françaises et français, toujours autant d’attention et de cadeaux pour les plus puissants de ce pays.   

Un seul exemple résume les propositions actuelles du gouvernement : Il est proposé de tripler le montant défiscalisé des donations familiales jusqu’à 750 000 euros tandis que le ministre Jean-Pierre Farandou propose de raboter la prime de Noël de 2,6 millions de personnes précaires.

Le gouvernement à encore le luxe de faire des choix politiques et budgétaires, même si c’est encore une fois à la faveur des plus riches. Jusqu’à quand auront-nous cette liberté au sein des collectivités avec les contraintes budgétaires que nous impose l’État ?

Car face à une austérité budgétaire imposée et à une crise structurelle ignorée, les départements sont aujourd’hui purement et simplement asphyxiées comme l’a réaffirmé François Sauvadet dans une interview le 29 octobre dernier. Aujourd’hui, entre 50 et 60 départements sont sur le point de franchir la zone rouge. Il n’est pas question cette fois-ci d’un clivage gauche / droite mais bien d’un mépris des gouvernements successifs pour les collectivités. A quoi bon réformer le statut de l’élu local si c’est pour se retrouver à piloter des collectivités exsangues.

Nous sommes dans une situation dure mais beaucoup de nos partenaires aussi. En octobre 2025, une mobilisation historique a réuni des milliers d’acteurs associatifs sous le cri d’alerte : « Ça ne tient plus ! ». Ce mouvement, porté par plus de 350 rassemblements en France, a mis en lumière une réalité alarmante : les associations, tissent chaque jour le lien social, accomplissent des missions de service public dans de nombreux domaines comme l’insertion, l’éducation, la santé, la culture, l’environnement sont aujourd’hui menacées dans leur existence même.

Elles représentent 1.8 millions de salariés et 10% de l’emploi privé en France. En septembre 2025, 70% des associations employeuses ont des fonds propres fragiles ou nuls ; 30% ont moins de 3 mois de trésorerie.

1 association sur 2 déclare avoir vu ses financements publics baisser, 1 sur 4 a diminué ses activités en 2025. A bout de souffle, les missions locales tirent la sonnette d’alarme : baisse de 20% des crédits alloués, diminution de 16 000 accompagnements, perte de 20 000 postes dans les dispositifs de l’Insertion par l’Activité Économique. En Ille-et-Vilaine, la situation d’Envie 35 illustre parfaitement cette détresse.

Avec le projet de loi de finances 2026, les associations vont encore probablement voir leurs financements amputés, leurs missions précarisées, et leur rôle ignoré. Le budget consacré à la jeunesse et à la vie associative, diminuerait de 221 millions d’euros ; celui de l’aide publique au développement qui passerait de 4,4 milliards d’euros à 3,7 milliards ; et celui visant au développement de l’économie sociale et solidaire, qui serait réduit de 14.4 millions. Nous avons été nombreuses et nombreux, au-delà des couleurs politiques à soutenir le mouvement des associations il y a quelques semaines, je réitère aujourd’hui ce soutien.

Je voudrais terminer en évoquant l’actualité locale des derniers jours concernant la situation des personnes exilées sur notre territoire. La politique migratoire et d’accueil de notre pays est en plein délitement et empire gouvernement après gouvernement. Le fond de l’air est brun et les politiques publiques en faveur d’un accueil digne sont de plus en plus difficiles à porter dans le débat public.

En Ille-et-Vilaine, à Rennes, les élu.es en responsabilité et des associations sont depuis longtemps au travail pour pallier les manques des gouvernements successifs, le manque de places, le manque d’accompagnement. Les collectivités agissent dans le cadre de leurs compétences mais aussi parfois au-delà, malgré les contextes budgétaires actuels. Les associations, dans leur diversité, font quant à elles font un travail de terrain nécessaire mais épuisant.

Au nom du groupe EFC je redis ici que nous défendons en tant qu’écologistes une politique migratoire plus humaine. La France n’a pas de problème d’immigration, elle a un problème d’accueil. Dans la période, il ne faut pas se tromper de cible, il ne faut pas se déchirer entre partisans d’un accueil digne mais bien travailler ensemble pour peser fortement sur l’Etat et permettre la mise à l’abri et l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble des personnes éxilé.es à Rennes comme partout sur le territoire.

Olwen DENES

Coprésident du groupe Écologiste, Fédéraliste et Citoyen