Intervention de Politique Générale – Session janvier 2025 – Marion Le Frène – Vidéo


Retrouvez ci-dessous l’ensemble de l’Intervention de Politique Générale du groupe Écologiste, Fédéraliste et Citoyen par la voix de Marion Le Frène, co-présidente du groupe et conseillère départementale du canton de Rennes 2.

Bonjour à toutes et tous,

Nous voudrions tout d’abord apporter tout notre soutien aux habitants et habitantes et aux structures d’Ille-et-Vilaine impactées par les inondations de ces derniers jours. Nous souhaitons également remercier les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels et les agentes et agents du Département  pour leur implication sans faille encore une fois au service de la population !

Si cette session est la première de l’année elle n’en est pas moins particulière. Plutôt habitués à débattre des orientations budgétaires en décembre, nous voici en raison de la crise budgétaire que nous traversons à le faire en janvier. Outre le ROB, nous aborderons les questions d’égalité femmes / hommes et de développement durable au travers des rapports annuels dédiés. Ces derniers doivent être regardés à la lumière des enjeux qui s’imposent à nous notamment démocratiques, écologiques et sociaux. Plus qu’une simple obligation, nous devons poser un regard objectif sur nos avancées mais surtout sur le chemin qu’il nous reste à parcourir.

2024 a été marquée, pour nous élu.e.s départementaux et départementales de la majorité, par un travail difficile et douloureux de recherches d’économies dans les budgets de nos compétences non-obligatoires et actions volontaristes. Une véritable souffrance quand il s’agit aussi de baisser des budgets pour des territoires quand on a fait de la solidarité territoriale le cœur de notre politique. Quand il s’agit de couper des subventions pour des associations auxquelles on croit et qui font un travail remarquable.

2025 sera marquée, elle, par des licenciements dans ces mêmes structures. Notre budget est plus que jamais contraint, celui d’autres collectivités aussi et le budget de l’Etat qui s’annonce pourrait être une difficulté supplémentaire pour certains de nos partenaires. Nous en avons conscience et nous le déplorons sincèrement toutes et tous. Aucune de ces décisions n’a été prise de gaieté de cœur, aucune avec légèreté, soyez-en certains. Nous n’oublions pas que derrière les décisions, certains de nos concitoyens vont en payer le prix car la qualité du service public et des réponses aux besoins sociaux est aussi dépendante de nos relations partenariales.

Nous allons donc débattre aujourd’hui dans un climat difficile sur nos orientations budgétaires. Elles sont toujours le reflet de notre projet de mandature, et comportent encore de nombreux projets à lancer mais qui semblent en danger aujourd’hui. Je pense notamment au revenu de base sans contrepartie pour les jeunes sortants de l’ASE. Un projet ô combien indispensable pour ces jeunes qui ont peu de soutien, pour les accompagner dans le début de leur vie d’adultes ! Je pense aussi bien sûr à la nécessaire transformation écologique de nos territoires pour laquelle nous devrions chaque année dédier un budget conséquent : pour développer les mobilités douces, pour rénover les logements, pour protéger la biodiversité …

Bien sûr malgré ce contexte budgétaire, nous poursuivrons notre travail. Et notre stratégie de réduction de nos émissions de GES restera dans nos priorités. Nous mettrons tout en œuvre pour suivre notre objectif ambitieux, que nous verrons dans le rapport développement durable : réduire de 25 % (par rapport à 2021) les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2028 et 50 % d’ici 2035. Et nous pouvons nous féliciter de nous être doté d’outils innovants pour cela notamment une comptabilité carbone qui nous permet de faire des choix responsables et cohérents avec la trajectoire fixée. Sur l’eau, atteindre 33 % des masses d’eau en bon état en 2027 pour répondre aux objectifs de la directive cadre sur l’eau. Pour rappel on en est aujourd’hui à moins de 3% et la situation continue à se dégrader. Nous poursuivrons notre effort pour préserver les sols naturels agricoles et forestiers. Nous restons mobilisé.es pour atteindre 50% de bio et local dans les cantines de nos collèges. Nous maintenons – je suis bien placée pour en parler – une politique ambitieuse sur l’éducation à la nature et l’environnement pour les collégiens et collégiennes mais aussi vers les publics des CDAS et la petite enfance. Ces politiques écologiques sont aussi, nous ne le dirons jamais assez, des enjeux de santé publique. Nous le devons aux habitantes et habitants d’Ille-et-Vilaine.

L’année 2025 ne sera pas une année sans projets ni actions. Loin de là ! Nous serons au côté des publics que nous accompagnons au quotidien : allocataires du RSA, enfants et familles, personnes âgées, personnes en situation de handicap, collégiens et collégiennes. Nous poursuivrons notre soutien aux territoires les plus fragiles. Nous poursuivrons notre soutien au monde associatif malgré un budget très contraint.

Nous savons pouvoir compter sur la grande implication des agentes et agents du Département et nous les en remercions. En responsabilité, nous nous concentrons sur nos compétences socles, dont les budgets sont d’ailleurs en augmentation. Nous maintenons dans le même temps un attachement fort au monde culturel et sportif, à la jeunesse, au quartiers populaires, à l’éducation populaire, au tourisme durable … car nous ne concevons pas l’action publique en silo mais bien en transversalité et c’est ce qui nous permet de maintenir une action forte et cohérente, empreinte de justice sociale.

Parmi nos politiques obligatoires nous augmenterons cette année encore le budget de la protection de l’enfance, à hauteur de 217 millions d’euros, faisant de ce sujet capital la grande cause de notre mandat. Nous nous y étions engagés dès 2021 en initiant des États Généraux de la protection de l’enfance. En 2024, ce sont 169 nouvelles places pour des jeunes et des enfants à protéger qui ont été créées. En 2025, mécaniquement, leur financement s’élèvera à 3,09 millions d’euros pour une année pleine. Nous avons conscience que cette augmentation ne sera pas suffisante pour pallier le manque de place d’accueil et résoudre d’autres difficultés rencontrées sur le terrain, sans moyens supplémentaires et orientations fortes de l’État. Nous avons conscience également qu’il nous faut agir davantage sur le volet de la prévention afin de prévenir la dégradation de situations familiales parfois fragile et limiter ainsi le nombre de signalement à l’autorité judiciaire. Si nous devons réduire certains dispositifs dans ce budget extrêmement contraint, nous maintiendrons notre volonté d’accompagner les enfants et les familles dans les meilleures conditions. Nous y arriverons grâce aux équipes de travailleurs sociaux et de professionnels engagées, compétents et volontaires. A l’heure le président de département du Nord, Christian Poiret met à mal les travailleurs sociaux, nous , nous leur disons « Merci. On compte sur vous et nous serons à vos côtés. »

Aujourd’hui nous sommes suspendus aux décisions de notre actuel 1e ministre (le 4e si mes comptes sont bons sous ce 2e mandat d’Emmanuel Macron) pour son projet de loi finances et l’effort demandé aux collectivités locales. Dans son discours de politique général il annonçait un montant de 2,2Mds d’€. Pour des collectivités déjà exsangues et alors que les besoins sociaux sont énormes. Si ce projet est validé les conséquences seraient terribles. Nous n’avons pas de bonnes nouvelles à annoncer lors de ce débat d’orientation alors que nous souhaiterions pouvoir faire autrement, mettre en applications plus fortement nos projets et ambitions. L’austérité budgétaire, pour l’État ou les collectivités, n’est jamais une solution. Elle appauvrit, fragilise et peut conduire à la récession économique. L’État doit permettre aux acteurs publics de retrouver des marges de manœuvre, de l’autonomie pour prendre à bras le corps les problèmes nombreux de notre pays. L’État peut, et doit, aller chercher de nouvelles recettes plutôt que de couper dans les dépenses.  

Nous devons dans le même temps protéger les associations, qui sont un fort employeur de notre territoire et maillon essentiel de la solidarité, partout, pour tout le monde. On comptait en 2021 1 ,8M de salariés dans les associations, représentant 1 salarié du secteur privé sur 10 ! Le projet de loi est aujourd’hui même entre les mains de la commission mixte paritaire et doit aboutir à un texte commun. Par un jeu d’enfumage (ou de vapotage plutôt en l’occurrence) mesquin, le siège tournant qui aurait dû revenir aux Écologistes ce jour a été attribué à un membre du bloc centrale. Je vous explique : selon la « règle du tourniquet », qui consiste à attribuer le 7e siège de la CMP (Commission Mixte Paritaire) à un des groupes minoritaires, à tour de rôle, le tour revenait aujourd’hui aux Écologistes. Une autre CMP, sur le vapotage donc, sujet absolument consensuel, a été positionnée hier pour que la place revienne à un membre du MoDem et leur apporter la majorité. Quelle bassesse. Nous ne pouvons donc que craindre le pire sur le texte qui aboutira et de ses orientations. Nous remercions notre député Tristan Lahais d’alerter sur ce sujet dans la presse.

Est-il encore possible d’attendre de ce nouveau gouvernement un sursaut de lucidité ? Les coupes budgétaires annoncées s’ajoutent à un modèle de financement des collectivités départementales déjà à bout de souffle et parfois absurde. Faire reposer le financement des politiques sociales, par des impôts économiques et sans pouvoir de taux n’est pas tenable. Il en va de la survie du service public.

Enfin, l’étude du rapport égalité femmes / hommes nous appelle à une grande humilité. Nous faisons notre part en tant que collectivité territoriale et comme employeur. Néanmoins, aujourd’hui les droits des femmes sont fortement ébranlés. Pour celles et ceux qui en doutent encore, il suffit de regarder l’actualité où l’on entend raisonner des discours masculinistes, qui ne sont même plus déguisés. De nombreux réseaux sociaux deviennent des plateformes où la parole misogyne est libérée. A ce titre, le rapport 2025 sur l’état du sexisme en France, du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes souligne l’accroissement de visibilité des discours sexistes et masculinistes notamment dans les médias et discours politiques. Nous saluons la décision du Département de quitter X à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et de son grand allié Elon Musk.  Nous ne pouvons qu’inciter l’ensemble des collectivités à faire de même.  A notre niveau, à nous de faire ce qu’il faut pour continuer à faire avancer l’égalité femmes / hommes.

L’année 2025 va être une année compliquée mais nous resterons au travail collectivement pour défendre notre vision de la société et de notre département : un département solidaire et écologique, qui œuvre pour le vivre-ensemble et l’égalité des chances.