Session du 26/09/2024 : Intervention – Lutte contre les violences faites aux femmes


Retrouvez un extrait et l’intervention complète en podcast, intervention annoncée par Sylvie Quilan de notre groupe EFC. Cette intervention fait suite au rapport sur la contribution du département au 2nd schéma directeur départemental de lutte contre les violences faites aux femmes pour la période 2024 – 2027.

Voici le texte également ci-dessous :

Nous remercions Anne Mainguet-Grall pour la présentation et le portage de ce rapport d’une importance cruciale tant les chiffres en matière de violences faites aux femmes restent vertigineux. Ceux qui figurent dans le rapport nous rappellent d’ores et déjà l’importance de l’implication de l’ensemble des acteurs publics sur cette question.

Toutefois, permettez-moi au nom du groupe écologiste, fédéraliste et citoyen d’évoquer l’actualité qui atteste d’une réalité encore bien sombre pour les femmes :

Malgré la ferveur des Jeux Olympiques, n’oublions pas les chiffres sur les violences faites aux femmes dans le milieu sportif (en 2023, 377 personnes ont été mises en cause à la suite de la saisie de la cellule Signal Sport et en tout 1 284 personnes ont été accusées de violences dont 95% sont des hommes. 81% des victimes sont de sexe féminin et 77% étaient mineures au moment des faits). Bien loin du florilège des médailles, je souhaiterai rendre hommage à l’ougandaise Rébecca Cheptegei, qui après avoir couru le marathon de ces jeux, a été brulée vive sous les yeux de ses enfants par son compagnon.

Des dizaines d’années d’omerta ont étouffé les comportements de l’Abbé Pierre qui pendant ce temps continuait de profiter de son aura de défenseur des plus vulnérables en toute impunité. 17 ans après sa mort c’est l’effarement hormis pour ceux qui ont tu l’innommable. 24 femmes l’accusent de harcèlement, de violences sexuelles, de viols commis dans la plus grande indifférence.

Enfin, comment ne pas évoquer l’affaire Pelicot et des 49 co-accusés? Ce procès hors norme par le nombre de ses accusés met en lumière l’enracinement du système patriarcal dans lequel le consentement n’a pas sa place. Un procès finalement pas si hors norme tant la question du viol conjugal est un sujet plus répandu que l’on ne le croit. Cette affaire vient bousculer les croyances : l’agresseur ne répond à aucun profil type. Il ne s’agit pas de la caricature du monstre mais de l’affaire des hommes qui bénéficient d’un système masculiniste de domination des femmes, qui quant à elles, doivent supporter le poids de l’humiliation et de décrédibilisation de la parole. Plutôt que d’entendre ce qu’elles ont vécu on tente de dédouaner les hommes et ce procès ne fait pas exception malgré des preuves accablantes pour ne citer que la fameuse déclaration de l’un des avocats de la défense « il y a viol et viol ». Et face à cela, nous ne pouvons que saluer le courage dont fait preuve Gisèle Pelicot.

Cette actualité « sordide » va-t-elle incarner un tournant dans la lutte contre les violences faites aux femmes ? Nous l’espérons. Cependant, le chemin est long et sinueux tant l’enseignement premier que nous pouvons tirer est que la parole des victimes n’est jamais acquise.

Notons que dans ces 3 cas évoqués il est également question des enfants : soient en tant que témoins des violences ou même meurtre de leur mère, soient en tant que victimes de pédophilie ou d’inceste. Il est donc important de les considérer comme victimes à part entière dont la parole ne doit pas être censurée.

Alors pour que la honte change de camp, il faut que les mentalités évoluent en commençant par ne pas banaliser les comportements sexistes et sexuels. Il est également indispensable d’en finir avec la culture du viol qui tend à inverser la charge de la responsabilité car les femmes sont toujours considérées comme plus ou moins responsables en matière de violences sexuelles.

Il en va de la responsabilité de tous et nous en tant que collectivité territoriale avons notre rôle à jouer au travers de notre participation à ce nouveau schéma directeur mais également dans notre politique en faveur de l’égalité femme – homme. A ce titre, le groupe EFC tient à remercier Pauline Salaun qui a réalisé un travail remarquable pour la mise en œuvre de cette politique lorsqu’elle occupait le poste de chargée de mission égalité femme – homme.

Pour conclure, nous portons le vœu que ces faits gravissimes soient un électrochoc et qu’ils poussent celles et ceux qui ferment les yeux à comprendre, s’éduquer, dénoncer et soient les acteurs et actrices du changement de notre société.