Session départementale du 20 juin 2024 – Intervention de Politique Générale


Retrouvez ci-dessous l’Intervention de Politique Générale de notre groupe Écologiste Fédéraliste et Citoyen, par la voix de Marion LE FRÈNE (co-présidente du groupe), complétée par un extrait sonore (podcast) :

« Être de gauche […] aujourd’hui, c’est également se mobiliser pour faire rempart contre un racisme décomplexé, l’ébranlement de notre démocratie, l’homophobie, la transphobie, la conquête des médias privés par l’extrême-droite et tout ce qui porte atteinte à nos droits fondamentaux. » 

La session qui s’ouvre aujourd’hui nous réunit dans un climat bien maussade. Nous toutes et tous, quelques soient nos partis, unis par des valeurs démocratiques et républicaines, ne pouvons qu’être effrayé.e.s, écœuré.e.s, par le score de l’extrême droite aux élections européennes du 9 juin dernier. Un score attendu de par les sondages, mais qui n’en fait pas moins un score alarmant. Si les enjeux européens ont été peu débattus durant la campagne, il faut rappeler que l’orientation politique du Parlement européen est primordiale tant les normes édictées à Bruxelles ont un impact sur nos décisions nationales, sur nos territoires, sur notre quotidien. De même, nous le savons aujourd’hui, les crédits européens sont essentiels notamment pour notre département dans la poursuite de nos politiques sociales et éducatives.

En plaçant l’extrême droite en tête, les françaises et les français font progresser les groupes défendant une politique résolument raciste, délétère pour les droits et la dignité humaine. Des politiques migratoires indignes risquent de s’accentuer, laissant les pays méditerranéens seuls face au devoir d’accueil, dans des conditions qui peuvent manquer d’humanité dans les pays où l’extrême droite est au pouvoir.

Avec 35 parlementaires d’extrême-droite français, une politique ambitieuse en faveur du climat sera encore plus compliquée à construire. Une transformation de nos sociétés pourtant aussi indispensable qu’urgente. Le Pacte vert pour l’Europe a certes ses limites, mais il a au moins le mérite d’exister. Nous en paierons toutes et tous le prix, car ce qui est punitif ce n’est pas l’écologie mais les impacts du dérèglement climatique. Il est temps de faire de l’écologie une priorité dans toutes les politiques, à tous les échelons. Ce recul nous fait peur pour l’avenir de nos enfants, pour nos avenirs à toutes et tous. 

La poussée des deux groupes d’extrême-droite au Parlement Européen va aussi engendrer des attaques contre les droits sociaux, contre les plus vulnérables, contre les avancées sociétales, contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, contre la liberté de la presse et la liberté d’opinion. Cette poussée réactionnaire, nous la constatons à chaque élection depuis une trentaine d’années. Nous n’avons pas su l’éviter, pas su la contrer. 

Outre ces résultats effrayants, nous devons faire face à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Un pari mortifère qu’a fait le Président Macron, unilatéralement et de manière assez amusée selon les propos rapportés par Le Monde la semaine dernière. Le risque de voir notre pays basculer dans le fascisme est bel et bien là. Pas besoin d’un uniforme ou d’un brassard pour appliquer une politique fasciste. Et quand l’extrême-droite est au pouvoir, elle ne le rend pas si facilement, nous le savons bien. A nous de montrer que non, la victoire de l’extrême droite n’est pas une fatalité, que cela constitue un risque majeur pour notre démocratie, pour la justice sociale, pour l’environnement. Cependant, parler de ce péril ne suffit pas, il faut porter une réelle alternative, crédible et désirable.

Dans une tentative rhétorique assez détestable pour disqualifier toute parole de gauche, il est de bon ton au sein des partis de droite et du centre de taper sur « les alliances avec les extrêmes », mettant au même niveau le RN et la FI. En dehors du fait que cela est historiquement, politiquement et juridiquement faux, nous n’oublions pas de notre côté que c’est le président Macron, que de nombreux membres du groupe UCD soutiennent, qui propulse le RN aux portes du pouvoir : de par une politique anti-sociale et libérale, de par la volonté de mettre en scène des débats LREM – RN ou Reconquête comme pendant les européennes, ou encore en faisant adopter une loi immigration inspirée par le RN et promouvant la préférence nationale au point qu’elle s’est avérée être très largement anticonstitutionnelle, mais aussi par cette dissolution de l’assemblée nationale au pire moment pour notre démocratie. Je ne reviendrai pas sur les déclarations et actions du Président des républicains, qui a appelé à la collaboration avec le Rassemblement National. De notre côté nous serons clairs, nous appellerons toujours à faire barrage à l’extrême droite comme ce fut le cas en 2017 et 2022 lors des présidentielles et législatives.

En plus du chaos politique annoncé – et même voulu – par le Président de la République, cette dissolution met d’ores-et-déjà un coup d’arrêt à des négociations avec les collectivités alors que nous subissions déjà des changements de ministres tous les six mois. Des commissions d’enquête parlementaires en cours, notamment celle essentielle sur la protection de l’enfance, sont stoppées, elles aussi, de facto.

Dans ce contexte nous poursuivrons, nous élu.es de la majorité, notre engagement, et ce malgré un contexte budgétaire particulièrement difficile, qui nous conduit à présenter une première décision budgétaire modificative assez inédite. 

Marion Le Frène, conseillère départementale, ille et vilaine, 35 - discours lors de la session départementale du 20 juin 2024.

Une DM1 qui sort de l’ordinaire, car d’habitude plutôt dédiée à des ajustements ou augmentations de crédits, aujourd’hui nous voterons des coupes pour un certain nombre d’actions et de politiques. Si le budget total est en augmentation, les dépenses contraintes en forte demande nous obligent à faire des choix durs. Les décisions que nous avons dû prendre collectivement au sein de notre majorité pour écrire cette DM1, ont été parfois douloureuses mais nous l’avons fait en responsabilité. Nous avons pesé les conséquences, pour nos politiques, pour les associations partenaires, pour les usagers bien sûr. Une baisse de subvention n’est jamais sans conséquence, mais nous n’avons pas le choix.

Nombreux ont été les messages des représentants des départements, dont notre Président, aux différents derniers gouvernements afin d’éveiller une vraie prise de conscience de la criticité de la situation et l’urgence de revoir la fiscalité des départements. Le rapport Woerth, remis le 30 mai dernier, bien que très largement discutable et toujours éloigné de l’autonomie fiscale que nous réclamons, laissait néanmoins entrevoir des changements sur les recettes des départements avec le transfert aux EPCI des DMTO et l’affectation d’une dotation de solidarité, d’un pouvoir de taux et d’une part de CSG de 10 milliards à l’échelon départemental. Ces pistes pouvaient amener à un réel débat mais nous restons donc dans l’attente des décisions futures concernant les collectivités, avec quand même la grande peur que ce rapport passe à la trappe au vu du contexte politique national.

Être de gauche et écologiste aujourd’hui c’est se battre pour faire avancer les questions environnementales, d’adaptation au changement climatique, de solidarité et de justice sociale. Mais aujourd’hui, c’est également se mobiliser pour faire rempart contre un racisme décomplexé, l’ébranlement de notre démocratie, l’homophobie, la transphobie, la conquête des médias privés par l’extrême-droite et tout ce qui porte atteinte à nos droits fondamentaux. 

Nous, élu.es de la majorité, nous défendons l’ensemble de ces valeurs au quotidien et dans cette assemblée mais nous savons qu’elles ne pourront se traduire pleinement qu’avec des collectivités fortes, proches de nos territoires.