Intervention de politique générale

Session des 8, 9 et 10 février 2023

Cette session budgétaire s’ouvre dans un climat social et politique tendu. Cette réforme des retraites que le gouvernement s’entête à défendre inquiète et désespère la majorité de ce pays. Salarié.es du privé comme du public, chômeuses et chômeurs, étudiantes et étudiants : le ras le bol est général et il est illusoire de croire que la colère qui s’exprime ces dernières semaines va s’éteindre subitement.

Qui aurait pu prédire que les Françaises et les Français aspirent à autre chose que de travailler toute leur vie ?  

Alors oui, il y a des grèves dans ce pays et cela irrite toujours certains. Faire grève, c’est un droit, un droit qu’il ne faut pas remettre en cause. Faire grève, c’est le souvent meilleur moyen qui existe dans notre pays pour sauvegarder nos droits, et en conquérir de nouveaux. Faire grève, ce n’est jamais un plaisir, car c’est aussi une perte sèche de salaire, d’autant plus dure en cette période d’inflation record.

Je tiens donc ce matin à exprimer le soutien le plus chaleureux de notre groupe à celles et ceux qui luttent actuellement pour leurs droits, pour leur avenir, pour une retraite heureuse et surtout en bonne santé. Cette mobilisation ne fait que commencer. Nous serons encore nombreuses et nombreux dans la rue ce samedi pour que ce projet de loi soit retiré.

Car le fameux déficit à venir qui est la justification de cette réforme des retraites est contesté. Les analyses démographiques sont également remises en cause par des chercheurs reconnus comme Hervé Le Bras. Quant bien même les projections serait justes, il y a d’autres manières de financer notre système. Elles sont pour le moment exclues des discussions.

Il n’y a également rien dans cette réforme concernant l’emploi des personnes âgées. Personnes âgées pour qui nous avons une attention particulière au département. Je vous le rappelle, à l’heure actuelle, une personne sur deux qui arrive à la retraite est sans emploi et cette situation risque de se dégrader.

La CNSA, dans son avis rendu le 2 février sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, a très fortement pointé le risque d’une nette augmentation du nombre de bénéficiaires sur RSA chez les plus de 55 ans si l’âge de la retraite est reculé.  

A croire que ce gouvernement joue à un bingo libéral, en tentant de compléter une grille de réformes idéologiques, contre tout bon sens économique et social. Réforme de l’assurance chômage : Macron et ses ministres cochent une case. Baisse du nombre d’enseignant et recrutement de professeurs à pôle emploi : Macron et ses ministres cochent une deuxième case. La réforme des retraites : à nous d’empêcher Macron et ses ministres de cocher cette nouvelle case.

A nous aussi de rappeler à Macron et ses ministres que notre modèle social n’est pas un bingo, qu’il n’est pas un jeu que l’on peut s’amuser à tordre ou à casser sans conséquences.

Au contraire, ce pays et ses habitant.es ont un impérieux besoin de justice sociale et de dignité. En tant que collectivité cheffe de file des solidarités, nous tentons de répondre à ce besoin au quotidien.

Le budget primitif de près d’un 1,3 milliard proposé cette année par la majorité départementale en est la traduction, avec, notamment, une augmentation des crédits de fonctionnement de plus de 7% tandis que nos recettes n’ont que de 4,5%.

Cette année encore, notre majorité souhaite maintenir un cap ambitieux pour faire face aux nombreux besoins de notre territoire. Sans lésiner sur nos politiques facultatives, nous avons fait des efforts conséquents sur nos compétences obligatoires. Le budget de fonctionnement de la politique personnes âgées est par exemple en augmentation de 4,9% à 153 millions d’euros, celui de la politique handicap en hausse de 6% à plus de 181 millions d’euros.

J’ai lu la semaine dernière que Dominique Faure, la ministre chargée des collectivités territoriales, exhortait les collectivités à investir davantage. Je dis : Chiche ! Les collectivités pèsent pour 75% de l’investissement public en France. Plutôt que de nous restreindre fiscalement, il faudrait nous redonner de l’autonomie et des marges de manœuvre. Pour répondre au défi de la transition écologique, il faut agir vite et fort, nous en sommes conscient.

En 2023, notre collectivité poursuit son effort avec plus de 206 millions d’investissement, dont plus de 62 millions pour des bâtiments et 43 millions d’euros pour les mobilités. Notre budget annexe biodiversité est quant à lui à un niveau élevé à près de 19 millions d’euros.

Cette année sera aussi celle de la mise en place de la nouvelle génération des contrats de solidarité territoriale, avec des objectifs affinés et des incitations fortes accompagner les villes et les intercommunalités dans la transition écologique de leurs territoires.

Je voudrais terminer en revenant sur la candidature de notre département à l’expérimentation autour du RSA. J’ai entendu les étonnements et les inquiétudes de certaines et certains dans nos cantons, mais je tiens à les rassurer.

Le Département est candidat à cette expérimentation, non pas pour faire la chasse aux pauvres, non pas pour radier les gens. Le Département est candidat pour démontrer qu’un accompagnement social et professionnel renforcé à destination des bénéficiaires du RSA est la seule option possible si nous voulons les aider plus encore.

Être privé d’emploi, c’est souvent un parcours du combattant. La pauvreté est un travail à temps plein, entre démarches administratives, besoins de soins, aide alimentaires et recherche d’emploi. Imposer 15h ou 20h de travail obligatoire aux bénéficiaires du RSA est un non-sens auquel nous ne participerons pas. Ce sont au contraire nos imaginaires qu’il faut remettre au travail, pour penser les solutions et solidarité de demain.

Olwen Dénès, coprésident du groupe EFC