Intervention de Politique Générale – Session juin 2025 -Marion Le Frène-Vidéo


Avant d’entamer ce discours introductif, notre groupe souhaite apporter tout son soutien au peuple palestinien et en particulier aux habitantes et habitants de la bande de Gaza, massacrés, affamés, bombardés alors même qu’ils et elles se rendent à l’aide alimentaire, jour après jour, par le gouvernement d’extrême-droite israélien.

Si le cours de l’histoire s’emballe ces derniers mois, en Ukraine, en Inde ou encore en Iran et que beaucoup de dirigeants mondiaux semblent maintenant faire fi de tout humanisme et de tout respect du droit international, nous n’oublions pas ce qui se déroule en Palestine depuis trop longtemps.

Cette situation est intolérable, insupportable et doit être condamnée et sanctionnée avec la plus grande fermeté.

Il est temps de stopper les tergiversations. Emmanuel Macron, doit enfin reconnaitre l’Etat Palestinien au nom de la France, comme l’ont déjà fait 147 autres pays à travers le monde. Les différents présidents qui se sont succédés n’ont jamais eu le courage politique de le faire, il est temps que cela change.

Nous avons une pensée pour toutes les victimes civiles, innocentes, qui subissent ces exactions dans l’indifférence la plus générale.

Si nous demandons au Président de la République de faire preuve de courage sur le plan international, nous lui demandons d’arrêter les effets de manche en matière de politique intérieure. En effet, Emmanuel Macron s’est récemment offusqué – dans une tentative malheureuse pour faire croire qu’il aurait une quelconque conscience écologique – des récentes attaques portées à l’environnement émanant des parlementaires et du gouvernement, gouvernement qu’il a lui-même mis en place et issu d’un parti qui, par ailleurs, n’a jamais caché son désintérêt pour les enjeux écologiques. 

Étonnant ! Étonnant de mépris pour la population française à qui il a volé les dernières élections législatives ! Étonnant de mépris pour celles et ceux – les plus vulnérables – qui souffriront et souffrent déjà des impacts du dérèglement climatique !

Rejeter les mesures qui s’imposent sur le plan environnemental revient à porter directement atteinte à la santé et au quotidien des françaises et des français. 

Parlons de ces attaques, parce que malgré tout, elles existent bel et bien !

  • Sur la qualité de l’air – on parle ici de + de 40 000 morts par an – l’assemblée nationale a récemment voté la fin pure et simple des ZFE. Or il est attesté que les Zones à Faible Émissions concourent à l’amélioration de la qualité de l’air. En les supprimant sans proposer d’alternatives, on se prive d’un outil qui protège la santé des riverains dans les zones les plus polluées. En 2015, en matière de pollution de l’air, une commission d’enquête du Sénat avait évalué le coût annuel de l’inaction à 101,3 milliards d’euros. Leur suppression ferait perdre en parallèle la bagatelle de 3Mds d’€ d’aides européennes selon la Direction générale du Trésor. Le gouvernement cherche de l’argent, il ferait bien de s’en inspirer !

Bien sûr, on aurait pu faire mieux, il faut travailler à l’égalité de l’accès aux transports, aux alternatives, …les ZFE n’étaient pas parfaites mais elles avaient au moins le mérite de pointer du doigt un vrai problème de santé publique et d’y apporter un bout de réponse.

  • Sur la ZAN, alors que les territoires – et le nôtre en l’occurrence – se préparaient, travaillaient les questions de densification, de limitation de l’étalement, la loi a été détricotée, vidée de sa substance. Encore une fois elle n’était pas parfaite mais la question de l’emprise au sol n’est pas une lubie. Quand nous n’aurons plus d’espaces pour les terres agricoles, comment nous nourrirons-nous ? Comment développer les puits de carbone si l’espace forestier se restreint ? Comment partagerons-nous les terres disponibles ?
  • La reprise scandaleuse de l’autoroute A69 alors que les travaux avaient été arrêtés par décision du tribunal administratif de Toulouse faute de nécessité impérieuse à le réaliser. Encore un recul incroyable sur la protection des terres agricoles, sur la végétalisation des sols, sur la nécessaire transformation de nos territoires pour changer nos modes de déplacement, sur l’usage de produits issus d’hydrocarbures… 
  • Bien sûr la loi Duplomb : comment ne pas être scandalisés par la manœuvre des députés du bloc central et de la droite alliée à l’extrême droite, pour éviter tout débat démocratique pour réintroduire des néonicotinoïdes. Des pesticides, qui provoquent pollution des sols, de l’air, des eaux, mais aussi de nombreuses maladies dans la population française, à commencer par celles et ceux qui l’utilisent. Le coût financier pour la société est exorbitant, chiffré là aussi en milliards d’euros. Le sénateur Duplomb et les députés responsables de ce vote font preuve d’un désintérêt total pour la santé humaine. Nous ne manquerons pas de le leur rappeler à chaque fois qu’ils.elles prétendront défendre le monde agricole et la santé de la population, vous pouvez compter sur nous !

Nous devrions nous insurger, nous indigner comme le disait Stéphane Hessel, mais tout le monde reste muet, la population elle-même ne réagit pas, ou si peu. La démocratie est en danger, la terre se réchauffe, la biodiversité s’effondre … et pendant ce temps nous regardons Netflix comme le dit si bien Arthur Keller. 

Récemment la militante Claire Nouvian a subi une violente agression à l’encontre de son domicile, alors que sa fille se trouvait à l’intérieur. Une agression de plus contre les défenseur.e.s de l’environnement pour les intimider, pour les faire taire. C’est peine perdue, les écologistes ne se tairont pas et notre groupe tient à apporter tout son soutien à Claire et sa famille, ainsi qu’à tou.te.s les militants et militantes écologistes, aux salarié.e.s des associations environnementales, aux agents de l’Etat comme ceux de l’OFB, constamment attaqué.e., menacé.e.s. 

Certains diront qu’on est en session départementale et que les références à la politique nationale ne devraient pas avoir leur place. Nous leur rappelons que nous ne pouvons pas décorréler ces décisions avec nos actions sur les territoires. Les enjeux environnementaux, de santé publique, les questions financières…sont indissociables car elles forment un tout

Ainsi, au Département d’Ille-et-Vilaine nous essayons de faire notre part. Nous ne parlons pas ici d’effet colibri mais de projets forts, notamment en faveur de la biodiversité et de la qualité des eaux du territoire à travers le budget annexe porté par Yann Soulabaille. Un budget dédié, réservé, (presque) protégé des difficultés financières actuelles du Département, en cohérence avec nos obligations liées à la taxe d’aménagement. Un budget plus préservé mais pas totalement malheureusement, le montant de la taxe aussi est en baisse et nous proposerons lors de cette session le rehaussement de son taux pour pouvoir continuer cette politique aussi ambitieuse que nécessaire, celui-ci n’ayant pas évolué depuis 2011. Son évolution aujourd’hui est donc cohérente et nous proposerons de le faire passer de 1,85% à 2,5%. Un impact moindre pour les contribuables redevables de cette taxe mais nécessaire à notre collectivité pour pouvoir continuer à développer notre politique : 

  • Actions de préservation de la biodiversité sur nos espaces naturels départementaux via notamment une politique foncière ambitieuse, 
  • Mise en accessibilité et restauration de sites, 
  • Démarches pour favoriser la naturalité 
  • Restauration des continuités aquatiques et terrestres 
  • Soutien à la préservation des haies et du bocage

Ces actions sont primordiales pour la biodiversité du territoire, pour retrouver une meilleure qualité de l’eau, mais aussi pour favoriser notre résilience, nous adapter aux impacts du dérèglement climatique, pour permettre aux habitantes et habitants d’Ille-et-Vilaine d’accéder à la nature et ainsi contribuer à leur meilleure santé qu’elle soit physique ou mentale 

En parallèle, hasard du calendrier, c’est lors de cette session que sera présenté le budget vert, annexé au compte administratif. Une obligation légale de la loi de finances pour 2024, portée par un gouvernement qui ne peut plus cacher son si faible bilan en matière d’écologie. Un budget qui n’a de vert que le nom tant ce qu’il porte est à l’opposé d’une démarche écologique. On y apprend en effet, de par la taxonomie de ce budget, que des bâtiments peuvent être “favorables à l’atténuation du changement climatique”. Que des bâtiments puissent avoir un moindre impact, soit, que des bâtiments soient favorables à l’atténuation, nous ne voyons pas bien. Construisons donc de nombreux bâtiments et l’enfer du dérèglement climatique sera derrière nous ! Encore une fois tout cela est sidérant de méconnaissance sur les enjeux du changement climatique. La finalité de ce document n’est finalement que la communication, si les collectivités n’engagent pas une réelle démarche de réduction de leurs émissions carbone à l’image de ce que nous faisons avec la comptabilité carbone. 

Mais nous nous devons de mettre en place ce budget vert et nous remercions les services qui s’appliquent à essayer d’y mettre de la cohérence, qui font un travail remarquable de qualification de nos infrastructures …

En ce mois de juin les scientifiques nous annoncent que limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés ne sera pas faisable, notre département est déjà en vigilance sécheresse et nous sortons d’une canicule de plusieurs jours. Mais encore une fois personne ne réagit, chacun.e regarde son voisin. Les individus regardent les entreprises, les entreprises regardent les collectivités qui regardent les Etats. Nous disons stop. Au département d’Ille-et-Vilaine nous prenons nos responsabilités et nous ferons ce qu’il faut, sans attendre que d’autres se mettent en mouvement avant nous. Notre majorité de gauche et écologiste poursuivra son travail ambitieux pour la biodiversité, pour le climat, pour la santé humaine et la santé environnementale, nous aurons toujours le souci de la population et en priorité des plus vulnérables d’entre nous.