Lors de la dernière session départementale, le rapport 2023 sur la situation des femmes et des hommes en Ille-et-Vilaine a été présenté conformément à l’article L3311-3 du code général des collectivités territoriales.
Cette présentation a donné lieu à des débats centrés essentiellement sur la question de l’écriture inclusive et notamment le point médian.
Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?
Selon le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes « le langage égalitaire, non sexiste, inclusif désigne l’ensemble des attentions discursives, c’est-à-dire lexicales, syntaxiques et graphiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des individus. »
Actuellement, cela inclus :
- l’utilisation du féminin et du masculin ;
- le recours aux termes épicènes ;
- l’énumération par ordre alphabétique ;
- le recours au point médian ;
- l’accord en genre les noms de fonctions, grades, métiers, titres.
La langue française est évolutive…
Historiquement, le masculin n’est pas dominant dans la langue française. En effet, jusqu’au XVIIème siècle, était utilisé notamment l’accord dit de proximité.
Exemple : « Surtout j’ai cru devoir aux larmes, aux prières,
Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières.» — Jean Racine, Athalie, 1691, Acte I sc.2
A noter qu’au Moyen-Age les termes faisant référence à des positions de pouvoir ou des métiers existaient aussi bien au féminin qu’au masculin.
Les changements opérés ensuite sont la résultante d’une orientation plus politique que linguistique, dictés par les actions menées dès lors par les hommes ou encore sous l’impulsion d’une formation exclusivement masculine de l’Académie française.
Et encore aujourd’hui, rappelons la position désuète des « immortels » qui parlent de « péril mortel » sous-entendant ainsi que la langue française est menacée par l’écriture inclusive. Or, l’expérience nous montre que la langue évolue en même temps que notre société. Comment pourrions-nous porter l’égalité entre tous les individus si nous excluons du champ la langue qui se doit d’en être le vecteur premier ? La langue traduit nos intentions, nos émotions, notre considération.
« Le masculin l’emporte sur le féminin »
Cette formulation n’est-elle pas choquante ? La règle si longtemps enseignée est bien celle d’un rapport de domination. D’un point de vue sociétal, on enseigne donc dès l’enfance que le féminin s’efface devant le masculin.
Et la réponse quelle est-elle ? Le masculin fait le neutre. Non, il ne le fait pas. Par essence, la langue française n’est pas inégalitaire.
En d’autres termes, il s’agit d’une pratique qui a été largement portée par une vision patriarcale, un conditionnement de notre société.
Le point médian seul procédé ?
Le débat est bien souvent cristallisé autour du point médian comme étant superflu, peu lisible, complexe …
Doit-on rappeler qu’il ne résume pas l’écriture inclusive ?
Est-il satisfaisant ? Non, mais il vient cependant rétablir une discrimination flagrante qui concerne la moitié de l’humanité !
Face à ces propos, beaucoup parlerons de l’exclusion des personnes en situation de handicap.
Il ne s’agit pas d’opposer une exclusion face à une autre mais bien d’apporter une réponse proportionnée.
Par conséquent, l’utilisation du point médian doit selon toute logique faire l’objet d’une utilisation mesurée. Et l’utilisation d’autres formes d’écriture inclusive privilégiée.
Enfin sur le volet de l’éducation, de l’instruction, peut-être est-il question d’appréhender les choses de façon plus globale ? Se dessine ici l’enjeu de travailler dès le plus jeune âge à casser les clichés du genre et intégrer un fonctionnement plus égalitaire.
Et plus généralement …
Au nom de la parité, des lois qui sont érigées pour lutter contre les inégalités entre les sexes pourquoi l’écriture devrait être exclue de cette finalité?
A tous les arguments aussi variés soient-ils sur l’esthétisme, la lourdeur, la complexité ou la prétendue expertise au-delà d’être d’un autre temps ils viennent porter attente à l’enjeu majeur de lutte contre les inégalités entre les sexes.
Le débat sur l’écriture inclusive et les positions encore trop masculinisées montrent que le chemin est encore long et renforcent encore plus les inégalités criantes. Nous pouvons même parler de régression à l’heure ou les travaux parlementaires tendent à limiter son usage.
La visibilité passe par l’écrit comme l’oral, redonnons ainsi à chaque personne toute sa place.